Au cours d’une discussion entre amis fort animée et passionnante à laquelle j’ai récemment eu la chance de prendre part, lors d’une des ces nuits chaudes et interminables d’un été crépusculaire laissant place peu à peu à la rousseur d’un automne moite, mes amis et moi-même avons donc eu le plaisir délectable de débattre au sujet de la musique. Il y était question grosso modo de définir la musique dite « mainstream ». Traduisez dans la langue de Molière et de BHL : courant principal en opposition au courant alternatif moins diffusé sur les canaux de grande écoute. Nous nous demandions si la musique commerciale avait toujours été aussi mauvaise et dépréciée des vrais amateurs de musique que nous sommes, de ceux à qui on ne la fait pas parce que vous comprenez, moi la musique je sais ce que c’est, j’en ai vu une fois de la vraie alors bon, moi on me la fait pas.
Sauf qu’en remontant un petit peu le cours de l’histoire, c’est avec stupeur que nous réalisâmes que le rock and roll que nous vénérons, le vrai, pas celui des White Stripes, celui des Hendrix, Pink Floyd ou autres Bob Dylan. Eh bien ce rock and roll là était à cette époque une musique « mainstream », une musique commerciale que les amateurs de jazz laissaient aux jeunes écervelés enamourés des Beatles ou de Mike Brant. Pire ! C’est avec effrois que nous comprîmes également que le jazz lui-même fut en son temps une musique populaire que les amateurs de classiques dénigraient. Ainsi et devant ces constatations effarantes, il était impossible de ne pas en conclure que dans 10, 20 ans, les Britney Spears et Lady Caca seraient adulées et considérées comme des artistes, des vrais, pas comme la daube qu’on nous servira en ce temps là. Force est de constater également que la musique va en se simplifiant puisqu’en parallèle, elle est accessible à de plus en plus de personnes. Par conséquent, la démocratisation de l’art ne va pas sans une simplification qui le mène à une autodestruction inéluctable.